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PORTRAIT DU MARCHÉ DU TRAVAIL. Pénurie et perspectives.

Ressources Humaines

Nous avons eu la chance de recevoir Simon Savard, économiste principal de l’Institut du Québec qui est venu dresser le portrait actuel du marché du travail ainsi que les perspectives pour les années à venir. Nous présentons ci-bas une synthèse des éléments clés de ce webinaire.

PORTRAIT ACTUEL, UN MARCHÉ SOUS PRESSION

Afin d’étudier le marché du travail, trois indicateurs sont à prendre en compte : le taux de chômage (pourcentage de la population active qui est en recherche d’emploi), le taux d’activité (pourcentage de la population qui est en recherche d’emploi ou en emploi) ainsi que le taux d’emploi (pourcentage de la population en emploi).

C’est un fait, nous sommes actuellement face à une pénurie de main-d’œuvre. C’est-à-dire que l’offre de main-d’œuvre, la force de travail, n’est pas suffisante pour combler les postes vacants des organisations.

Resituons les faits, de 2015 à 2017 nous vivions une croissance économique modeste, avec un taux chômage élevé et peu de postes vacants. Puis, de 2018 à 2020, le marché du travail s’est resserré, donnant lieu à une augmentation de postes vacants et moins de chômeurs. Aujourd’hui, nous avons à la fois un taux de chômage et un taux de postes vacants qui augmentent. Pour le moment, il n’est pas possible de prévoir si cette tendance va se poursuivre ou si les entreprises vont réussir à s’adapter à cette nouvelle réalité. La même tendance se remarque à l’échelle nationale ainsi qu’aux États-Unis.

Aujourd’hui, au Québec, pour 100 postes occupés, 5 sont vacants. Avant la pandémie nous étions à 2 postes vacants pour 100 occupés. Cependant, le bassin de travailleurs disponibles est quasiment revenu au même taux qu’avant la pandémie, on remarque même que le nombre de 25-54 ans actuellement en emploi, bat un record historique.

Une tendance de fond est cependant relevée :  le taux d’emplois vacants est possiblement plus important, car de nombreuses organisations ne prennent plus le temps d’afficher les postes ou de s’essayer au recrutement puisqu’ils savent que la main-d’œuvre n’est pas présente pour répondre à leur besoin actuel. On remarque donc un certain déséquilibre entre le chômage et les postes vacants.

Le marché du travail est très inégalitaire entre les différents secteurs d’emploi. Sans surprise, face à la pandémie et aux restrictions liées, les secteurs de l’hébergement et de la restauration sont les plus touchés à 70%. Les secteurs de la culture et des loisirs ne sont pas non plus épargnés. Ces secteurs sont actuellement toujours impactés, car il existe encore de nombreuses restrictions, et le tourisme international qui représente une bonne partie de leur clientèle n’est pas revenu à la normale.

On y pense moins, mais il est à noter que les secteurs des transports, de la fabrication et des entrepôts sont aussi, à un moindre niveau, fortement touchés par la situation.
Il y a cependant, plusieurs secteurs qui ont retrouvé pour la majorité, leurs statuts d’avant pandémie, comme l’administration, les services publics ou l’enseignement. Quant à l’immobilier, c’est un secteur qui a trouvé des bénéfices dans cette situation, on estime qu’une partie de la population se serait tournée vers l’immobilier en achetant des propriétés à défaut de pouvoir voyager.

FACTEURS DÉMOGRAPHIQUES & IMMIGRATION

Parlons transition démographique : en 2020 la population de 55 à 64 ans était plus élevée que la population de 20 à 29 ans. C’est important à noter, car c’est cette population qui sera susceptible de prendre rapidement sa retraite. Selon les projections : on serait vers le déclin de cette tendance, mais on ne reviendra pas à la tendance des années 70-80 où la population jeune dépassait largement les 55 à 64 ans. On s’attend en 2030 à avoir près de 100 000 personnes de 20 à 64 ans de moins au Québec. Il est nettement possible que la pandémie ait poussée des proches-retraites à passer le cap, et à se retirer du marché du travail de façon prématurée. Les 55-64 ans étant en majorité sur le marché, il est important de faire en sorte de les maintenir en poste et de s’adapter à leur besoin pour ne pas aggraver la pénurie de main-d’œuvre actuelle.

Parmi les acteurs du bassin de travailleurs, il y a les immigrants, qui occupent une place importante. La tendance à la baisse depuis 10 ans au Québec, surtout visible dès 2017, montre un écart qui se resserre entre le taux de chômage des immigrants et le taux de chômage des personnes nées au Canada, idem dans les autres provinces canadiennes. Donc on remarque conséquemment une tendance à la hausse avec un écart qui se resserre aussi entre le taux d’emploi des immigrants et des personnes nées au Canada. Cependant dans les 2 cas, le taux le plus haut est toujours celui des personnes nées au Canada. 

En 2020, c’est la chute du solde migratoire au Québec, due à la fermeture des frontières du pays et des provinces. On passe alors de 93k immigrants en 2019 à 12k en 2020. Le solde migratoire était en hausse constante depuis 2016. Cela concerne aussi bien l’immigration internationale, inter-provinciale, et les résidents temporaires (travailleurs, demandeurs d’asile et étudiants internationaux), en excluant les immigrants ayant obtenu une résidence permanente.

Jusqu’en 2030, on prévoit que la croissance de l’emploi sera 54% due aux jeunes qui intégreront le marché du travail, 22% à la future population immigrante. On s’attend à 1.4M d’emplois à pourvoir entre 2019 et 2028. 8% seront dues à l’employabilité des +65ans.

CONSÉQUENCES RÉELLES POUR LES ENTREPRISES

Aujourd’hui, 40% des entreprises Québécoises ont pour enjeux de faire face à la pénurie de main-d’œuvre.

On note actuellement que la croissance économique du Québec est très haute, mais celle-ci va retomber d’ici 2023 à son PIB d’avant pandémie. Cette forte hausse est notamment expliquée par la balance de la baisse connue en 2020 : la reprise globale de l’activité a généré une hausse de 6.4%, ce qui est exceptionnel, mais cette hausse ne va pas durer et va se réduire progressivement pour se stabiliser entre 1 et 2% annuel comme les années précédentes. On estime ce retour à la normale pour 2023.

Nous retrouvons plusieurs inquiétudes telles :

  • La tendance à la hausse du chômage de longue durée (plus de 6 mois).  Cela est inquiétant, car la réintégration sur le marché du travail sera plus difficile.  Depuis le printemps 2021 on note une tendance légèrement à la baisse que ce soit pour les immigrants ou pour les personnes nées au Canada, sans pouvoir prévoir si cette tendance va se poursuivre.
  • La récupération de l’emploi : La pandémie ainsi que les nombreuses restrictions ont impacté beaucoup plus les emplois les moins bien rémunérés, cependant, ce sont ces mêmes emplois qui, pour la plupart, ne retrouvent pas d’employé. C’est une tendance qui semble persister dans le temps.
  • La croissance des salaires. Alors que les postes avec les salaires les plus bas restent vacants, on note une légère hausse des autres salaires. Certainement expliquée par des postes qui vont nécessiter plus de ressources pour compenser le manque de main-d’œuvre, ou par la mise en poste de personnes plus qualifiées ou plus exigeantes, car aujourd’hui, les candidats sont en position de force et un salaire qui se démarque est généralement un élément clé pour séduire tout candidat. (cf notre article pour bien recruter en situation de pénurie).

La croissance des salaires pourrait également se voir affectée par mise en retraite des personnes plus âgées (avec salaire plus important) et l’entrée des personnes plus jeunes (avec des salaires moins importants). La croissance des salaires est une perspective qu’il est difficile d’établir tant les facteurs sont variés.

LES LEVIERS

Afin de maintenir le potentiel économique du Québec et du Canada, au-delà de viser le plein emploi, c’est de s’assurer de pouvoir générer de la croissance. Il existe de nombreux leviers à mettre en place par les entreprises et les administrations afin de répondre à ce besoin, en voici quelques-uns :

  • Vision intégrée et cohérente des enjeux de main-d’œuvre : C’est-à-dire que la croissance ne va pas se faire avec de la création d’emploi, mais plutôt avec des changements et des adaptations à des emplois existants.
  • Un certain effort est à faire sur l’immigration et l’intégration. Il faut inverser la tendance d’avant pandémie, où les immigrants occupaient généralement des emplois en dessous de leurs qualifications.
  • L’immigration n’est pas distribuée de façon égale entre les provinces. Au-delà de l’aspect administratif pour accueillir et maintenir les immigrants qui diffère grandement d’une province à l’autre, il faut s’ouvrir sur le fait que l’immigration est une réelle solution à la pénurie de main-d’œuvre.
  • L’éducation, la formation et le développement des compétences. On notait déjà un important décrochage scolaire avant la pandémie. Il sera nécessaire de mettre en place des systèmes d’évaluation afin de s’assurer du bon apprentissage des plus jeunes.
  • Réintégrer sur le marché du travail les acteurs qui se font rares depuis les 20 derniers mois : les immigrants, les proches retraites, les chômeurs de longue durée, les travailleurs expérimentés qui sont eux, souvent mis de côté dû au salaire qui leur est associé.
  • Revoir l’organisation du travail et pour la plupart s’orienter plus sur le temps partiel ou du télétravail. S’adapter à la nouvelle réalité du marché.
  • Procéder à des requalifications ou rehaussements des compétences pour tout acteur du bassin de travailleurs.

*toutes les données énoncées viennent de Statistiques Canada 2021, la Banque du Canada et l’Institut du Québec. Toutes présentées par l’économiste principal Simon Savard.   


Si vous souhaitez découvrir ce portrait plus en détail, expliqué par Simon Savard, nous vous donnons accès à l’enregistrer de son webinaire jusqu’au 21 janvier 2022. Visionnez le webinaire juste ici.

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